Au Jugement Dernier
Mais qui êtes-vous donc vous qui furent façonner
dans les mêmes moules de sang et de chairs que je le fus moi-même…. Qui êtes-vous
donc pour juger mes mots… mes souvenirs… mon âme… De quel droit pointez-vous ce
doigt grossier et plein de haine dans ma direction ?
Qui n’a jamais voulu gouter les larmes de sang de la
chair de sa chair… qui n’a jamais connu les émois de l’essence dans un instant
de vie n’a pas voulue se taire et crier sa douleur à tous ces silencieux soustrayant
leur misère…
Vous, mon Ami hier, aujourd’hui, Vous, mon Juge…
vous me jettez la pierre… et pourtant je la vois plus lourde en votre main qui
saigne de son poids et n’est plus qu’un lambeau de lymphes et de peau lorsqu’elle
est libérée de votre fier lancer… et lorsque celle-ci approche mon visage elle
n’est plus qu’une plume qui carresse ma joue…
Au Jugement Dernier, à la droite de Dieu, je me prelasserais dans des coussins de moires pour avoir su souffrir mes conscientes douleurs… et d’un œil affecté je vous regarderais vous ébattre sans fin aux affres de vos pensées…